Les travailleurs indépendants vont bientôt constater une hausse de leurs prélèvements. Un décret sur le point d’être publié prévoit une augmentation des cotisations pour les autoentrepreneurs exerçant une profession libérale, dès cet été. Cette mesure vise à leur permettre d’acquérir ou de renforcer leurs droits à une retraite complémentaire.
Des droits à la retraite complémentaire renforcés
Grégoire Leclercq, président de la Fédération nationale des autoentrepreneurs et microentrepreneurs (FNAE), se félicite de cette initiative. « On va enfin avoir des points à gagner pour la retraite complémentaire », déclare-t-il. Il souligne également que cette mesure sera « quasi indolore » en termes de cotisations.
Le syndicaliste ajoute que cette augmentation des cotisations atténuera le problème du manque de protection sociale lié à la faiblesse du chiffre d’affaires des autoentrepreneurs. L’année dernière, des parlementaires avaient exprimé leurs inquiétudes concernant les perspectives de retraite offertes par ce régime fiscal et social simplifié, qualifiant la situation de « bombe à retardement ».
600 000 autoentrepreneurs concernés
Le projet de décret, consulté par « Les Echos », prévoit une augmentation progressive sur trois ans du taux de cotisations pour les microentrepreneurs exerçant une activité libérale et affiliés au régime général de la Sécurité sociale. Cette mesure concerne des professions telles que le conseil, le développement informatique, le marketing, ou encore les guides touristiques et les traducteurs.
Le taux de cotisation, actuellement proche de 21 %, passera à un peu plus de 23 % en juillet de cette année, puis à un peu plus de 26 % en janvier 2026. La FNAE estime que cette mesure impactera environ 600 000 personnes bénéficiant du régime de la microentreprise. La retraite complémentaire représente, selon le syndicat, entre 7 % et 10 % du total de la pension.
Cette décision fait suite à un jugement du Conseil d’Etat en début d’année, qui avait annulé le taux de cotisations des autoentrepreneurs concernés, estimant qu’il ne leur permettait pas d’acquérir des droits suffisants en matière de retraite complémentaire.
Des réserves émises
L’Union des autoentrepreneurs, une association qui accompagne ces acteurs, exprime des réserves concernant cette augmentation. François Hurel, son président, juge cette mesure « inacceptable ». Il craint qu’elle n’incite certains autoentrepreneurs à sous-déclarer leur activité. Hurel plaide pour une hausse de cotisations plus modérée et un temps d’analyse de ses effets.
D’une pierre deux coups
Les autoentrepreneurs affiliés à la Cipav, la principale caisse de retraite des professions libérales, verront également leur taux de cotisations augmenter. Cela concerne les représentants de professions réglementées, tels que les architectes, les géomètres, les professeurs de ski, les ostéopathes, etc. Cette mesure s’applique aussi aux autoentrepreneurs cotisant à la Cipav avant 2018.
Ces entrepreneurs payaient déjà des cotisations pour la retraite complémentaire, mais leur système devait être aligné avec celui des autres indépendants. Le décret vise à harmoniser ces régimes.
François Clouet, directeur général de la caisse, affirme que cette mesure augmentera les droits à la retraite complémentaire des autoentrepreneurs affiliés à la Cipav. Pour les quelque 200 000 à 250 000 autoentrepreneurs concernés, le taux de cotisation passera de 21 % à 23 % à partir de cet été.