L’air était visiblement plus frais cette année aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, et la sensation de confiance semblait également refroidie. Dans le cadre verdoyant du Parc Jourdan, les discussions pivotaient majoritairement autour des élections, juste avant le second tour des législatives. L’inquiétude générale portait sur le “grand saut dans l’inconnu” que pourrait représenter le futur immédiat de la France.
Le scepticisme des leaders d’entreprise
Un communicant partage que les dirigeants d’entreprise expriment une franche irritation. Un sentiment de vertige prédomine, marquant une période d’incertitude rarement observée dans l’histoire politique récente du pays. Chez les entrepreneurs, banquiers, et gestionnaires de fonds d’investissement, une attitude d’attente prévaut face à l’avenir immédiat.
Impact sur les décisions économiques
Depuis l’annonce de la dissolution, nombreuses entreprises ont ralenti leurs cadences d’embauches et d’investissements, en espérant une réduction des taux d’intérêt et de l’inflation. “Pour restaurer la confiance, il est nécessaire que le pays forme rapidement un nouveau gouvernement et clarifie sa direction”, affirme Alain di Crescenzo, président de CCI France. Il exprime également une préoccupation concernant le risque de voir le pays sombrer à nouveau dans des troubles sociaux similaires aux “gilets jaunes”.
Paralysie ou chaos ?
“Tout le monde a appuyé sur le bouton pause”, confirme le dirigeant d’un fonds d’investissement préférant rester anonyme. Face à tant d’incertitudes, il semble que ce ne soit pas le moment idéal pour des opérations significatives comme des augmentations de capital ou de grandes acquisitions. Les milieux économiques restent prudents, aucun scénario post-électoral n’inspirant véritablement confiance. “Si la France s’oriente vers un gouvernement technique, nous pourrions nous retrouver face à une paralysie ou un chaos”, estime Ludovic Subran, économiste en chef chez Allianz. Il souligne que la nouvelle configuration politique pourrait ralentir la croissance économique du pays et affecter son attractivité, notamment au moment où il faudra réaliser d’importants ajustements budgétaires.
Le regard des investisseurs face à l’instabilité
Malgré les défis, les investisseurs semblent garder leur sang-froid. “Les marchés ont appris à naviguer dans un monde chaotique. Nous avons survécu à une pandémie mondiale, une guerre aux portes de l’Europe, et maintenant des élections à haut risque aux États-Unis”, rappelle un investisseur. Un banquier trouve d’ailleurs que ses homologues internationaux ne sont “pas impressionnés” par la situation en France, percevant cela comme une phase de populisme similaire à d’autres événements mondiaux. En parallèle, certains observateurs trouvent des motifs d’espoir dans le calme transitionnel observé en Grande-Bretagne, post-Brexit, considérant cela comme une leçon de démocratie après les turbulences passées.