Sur scène, Arnaud Rebotini impose une silhouette reconnaissable entre toutes : grand, barbu, entouré d’un arsenal de synthétiseurs modulaires et de boîtes à rythmes vintage. Ce musicien électronique français, né à Nancy en 1970, s’est imposé comme une figure majeure de la scène électro, alliant machines analogiques et énergie rock dans un style qui a marqué plusieurs générations. Auteur, compositeur, producteur, chanteur et DJ, il se distingue par son approche artisanale du son et son refus des standards numériques.
Issu d’une famille mélomane, Arnaud Rebotini découvre très tôt les univers du rock, du jazz et de la chanson française. Mais c’est surtout l’essor des synthétiseurs et des boîtes à rythmes qui capte son attention. Dans les années 1980, adolescent fasciné par la new wave et les pionniers de l’électronique, il se plonge dans la composition en autodidacte. Sans formation classique, il passe des heures à expérimenter sur ses claviers, forgeant une oreille aiguisée et un utuligoût prononcé pour l’expérimentation sonore.
Black Strobe, le son de la révolution électro
À la fin des années 1990, fraîchement installé à Paris, il plonge dans l’effervescence du milieu électro underground. En 1996, il cofonde Black Strobe avec Ivan Smagghe, duo qui va bousculer les codes en mêlant riffs de rock, nappes industrielles et rythmiques électroniques. Leur style hybride, aux frontières de l’electroclash et de la techno, séduit une génération avide de sons novateurs. Des titres comme Me and Madonna (2002) ou Italian Fireflies (2003) deviennent des hymnes underground. En 2007, l’album Burn Your Own Church consacre leur électro sombre et incisive, propulsant Black Strobe sur la scène internationale.
L’émancipation solo et le retour à l’analogique
Alors que Black Strobe s’impose, Arnaud Rebotini ressent le besoin d’explorer d’autres horizons. Il se lance en solo et, en 2008, dévoile Music Components, un manifeste sonore où il revendique un retour aux machines analogiques. À contre-courant des tendances numériques, il bannit l’ordinateur et privilégie les synthés vintage et séquenceurs hardware. Cette approche artisanale se traduit par des performances live où, en véritable chef d’orchestre électronique, il sculpte le son en direct, improvisant et entraînant le public dans une transe hypnotique.
Une reconnaissance à la hauteur de son engagement
Aujourd’hui, Arnaud Rebotini est considéré comme l’un des piliers de l’électro française. Son travail, marqué par une exigence sonore rare, lui vaut une reconnaissance internationale. Il collabore avec des artistes aussi variés que Depeche Mode et Rammstein, remixant leurs titres avec une signature inimitable. En 2018, il reçoit le César de la meilleure musique originale pour la bande-son de 120 battements par minute, film hommage aux militants d’Act Up. Un prix qu’il transforme en tribune pour réaffirmer son engagement dans la lutte contre le sida.
Malgré son succès, Arnaud Rebotini reste fidèle à ses valeurs : loin des tendances commerciales, il poursuit une démarche artistique libre et instinctive. En studio comme sur scène, il navigue avec la même énergie créative, toujours prêt à repousser les limites du son. À plus de 50 ans, il continue de se réinventer, comme en témoigne son projet This Is a Quarantine en 2020. Plus qu’un musicien, Arnaud Rebotini est une figure incontournable de l’électro, un artisan du son dont l’influence dépasse largement les frontières du genre.
