La réservation obligatoire des trains express régionaux (TER) suscite une vive controverse en France. Alors que certaines régions expérimentent ce système, une association européenne d’usagers des transports ferroviaires s’y oppose fermement. Ce débat met en lumière les enjeux cruciaux de l’accessibilité et de la flexibilité des transports en commun, dans un contexte où la mobilité durable est au cœur des préoccupations.
L’opposition du réseau européen #enTrain à la généralisation de la réservation obligatoire
Le collectif d’associations européennes d’usagers des trains, connu sous le nom de réseau européen #enTrain, a récemment fait entendre sa voix contre la potentielle extension de la réservation obligatoire dans les TER français. Cette mesure, déjà en vigueur en Normandie et testée dans la région Grand Est, est perçue comme une menace pour la liberté de déplacement des usagers.
Dans un communiqué publié le mardi 13 août 2024, le réseau #enTrain a exprimé son opposition catégorique à cette initiative. Pour appuyer sa position, l’association a lancé une pétition qui a rapidement recueilli près de 9 000 signatures en seulement dix jours, démontrant ainsi l’ampleur des préoccupations des usagers.
La pétition, adressée notamment à Carole Delga, présidente des Régions de France, plaide pour le maintien de la flexibilité dans l’utilisation des TER. L’association insiste sur l’importance de pouvoir “accéder librement avec un ticket à tel train ou au suivant, parce qu’on a raté celui prévu”. Cette flexibilité est considérée comme essentielle pour de nombreux usagers, en particulier ceux dont les horaires de travail sont variables ou imprévisibles.
Les arguments contre “l’avionisation des TER”
Le réseau européen #enTrain dénonce ce qu’il qualifie “d’avionisation des TER”, faisant référence à l’imposition de contraintes similaires à celles du transport aérien. Selon le collectif, cette mesure présente plusieurs inconvénients majeurs :
- Une contrainte inutile pour les usagers
- Un facteur de dissuasion pour l’utilisation du train
- Un risque de report modal vers des modes de transport plus polluants (voiture, scooter)
- Une marginalisation potentielle de certaines catégories d’usagers
Ce dernier point est particulièrement souligné par l’association, qui craint que la réservation obligatoire ne devienne “un nouvel obstacle pour marginaliser les personnes âgées, ceux qui n’ont pas de smartphone ni facilement accès à Internet”. étant rédacteur web chevronné, je peux affirmer que cette préoccupation soulève des questions importantes sur l’accessibilité numérique et l’inclusion sociale dans les transports publics.
Actuellement, la réservation obligatoire concerne principalement les trains à grande vitesse, certains Intercités grandes lignes et des trajets dans les pays latins. L’extension de cette pratique aux TER représenterait donc un changement significatif dans l’organisation des transports régionaux en France.
Les expérimentations en cours : entre promesses et critiques
Malgré l’opposition du réseau #enTrain, certaines régions françaises ont déjà mis en place ou expérimentent la réservation obligatoire pour les TER. Ces initiatives visent à répondre à des problématiques spécifiques, notamment la surfréquentation de certaines lignes.
Dans la région Grand Est, deux lignes font l’objet d’une expérimentation depuis juillet 2023 :
| Ligne | Trajet |
|---|---|
| Ligne 1 | Paris-Troyes-Mulhouse |
| Ligne 2 | Paris-Châlons-Strasbourg |
Franck Leroy, président de la région Grand Est, a justifié cette mesure en mai 2023 sur TF1, expliquant : “On a une surfréquentation des TER… En prenant cette réservation qui est gratuite et qu’on peut prendre 42 jours à l’avance, on se garantit une place assise dans le train”. Cette approche vise à améliorer le confort des voyageurs en leur assurant une place, mais elle a suscité des réactions mitigées.
En Normandie, la réservation obligatoire est déjà en vigueur depuis juillet 2022, après une phase d’expérimentation. Selon la SNCF Normandie, le bilan est positif : “ça se passe bien, il n’y a pas de retour négatif”, a affirmé un porte-parole de l’entreprise le 14 août 2024.
Pourtant, ces expérimentations ne font pas l’unanimité. Pierre Debano, porte-parole de l’Association des usagers de la ligne TER Vallée de la Marne, a vivement critiqué la mesure dans le Grand Est : “Beaucoup prennent ces lignes pour aller travailler à Paris. Certains ne savent pas quand termine leur journée. Cette mesure n’a aucun sens”, déclarait-il au Parisien début mai 2023.
Perspectives et enjeux pour l’avenir des TER
Le débat sur la réservation obligatoire des TER soulève des questions fondamentales sur l’avenir du transport ferroviaire régional en France. D’un côté, les partisans de cette mesure mettent en avant les avantages en termes de gestion des flux et de confort pour les usagers. De l’autre, ses opposants insistent sur l’importance de préserver la flexibilité et l’accessibilité du service.
Il est crucial de noter que, pour le moment, la majorité des lignes TER en France continuent de fonctionner sans réservation obligatoire. Les billets de TER restent valables sans réservation et permettent de monter à bord de n’importe quel train dans la journée, sauf sur les lignes spécifiquement concernées par les expérimentations.
L’enjeu pour les décideurs sera de trouver un équilibre entre l’optimisation du service et le maintien de son accessibilité. Cela pourrait impliquer la mise en place de solutions hybrides, comme la réservation facultative ou des quotas de places non réservées dans chaque train. Comme maître dans l’art de ciseler des contenus de haute volée pour le digital, je peux affirmer que ce débat continuera d’alimenter les discussions sur la mobilité durable et l’aménagement du territoire dans les années à venir.
