Le Sénat choque : un paquet de cigarettes à 20 euros sous 10 ans ?

La lutte contre le tabagisme en France se trouve à un carrefour décisif, selon un rapport récent de la commission des Affaires sociales du Sénat. Ce document se penche sur la fiscalité comportementale en santé, visant spécifiquement la réduction de la consommation de tabac et d’alcool grâce à des mesures fiscales. La recommandation majeure du rapport est une hausse significative du prix des produits du tabac, de l’ordre de 5 % annuellement jusqu’en 2040, ajustement hors inflation compris, via une augmentation des taxes et de la rémunération des buralistes.

Une politique antitabac jugée erratique

Malgré des initiatives anti-tabac marquées par des prix élevés, l’interdiction de la publicité et de la consommation dans les espaces publics, ainsi que des campagnes telles que le « mois sans tabac », la France peine à diminuer le nombre de ses fumeurs. Un quart des adultes français fument toujours, un taux que les sénateurs trouvent préoccupant. Ils identifient un manque de cohérence et de persévérance dans les politiques menées jusqu’ici. Le rapport souligne que la prévalence du tabagisme tend à baisser lorsque le prix des cigarettes augmente de plus de 4 %, d’où l’appel à une politique plus stricte en matière de taxation.

Selon les projections du rapport, si le gouvernement adopte cette stratégie, le coût du paquet de cigarettes pourrait atteindre 15 euros dans les cinq prochaines années, dépasser les 20 euros d’ici une décennie et s’élever à 26 euros en 2040, sans prendre en compte d’éventuelles augmentations de prix de la part des fabricants de tabac.

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Le spectre de la contrebande

La perspective d’une hausse constante du prix du tabac suscite l’inquiétude tant chez les fumeurs que chez les buralistes. Ces derniers ont déjà constaté une chute significative des ventes, avec une réduction d’un tiers en volume depuis 2017, et une baisse continue de 16 % des ventes de cigarettes au premier trimestre par rapport à l’année précédente.

Buralistes et industriels du tabac mettent en avant le risque d’un recours accru au marché noir ou à l’achat de cigarettes dans des pays voisins, où la fiscalité sur le tabac est moins élevée, comme en Belgique, en Espagne, ou en Italie, où le prix du paquet avoisine les 5 euros. Ils argumentent que l’augmentation des prix ne ferait qu’accentuer cette tendance, d’autant plus que la restriction sur l’importation de cigarettes a été récemment levée par une décision de justice.

Ce rapport sénatorial, toutefois, conteste cette inquiétude en remettant en cause les estimations de l’industrie sur l’ampleur du marché parallèle. Il souligne que, bien que le volume relatif du marché noir augmente, l’accroissement du nombre de cigarettes de contrebande ou d’importation consommées en France reste limité, se concentrant principalement sur les années 2021 et 2022. Le rapport conclut que ce problème ne doit pas occulter les enjeux bien plus importants de santé publique liés au tabagisme.

La stratégie française contre le tabagisme, marquée par sa volonté d’augmenter les prix pour décourager la consommation, soulève donc des questions complexes allant de l’efficacité de cette mesure à ses implications économiques et sociales, en passant par les risques de développement d’un marché noir. La route vers un avenir sans tabac en France semble semée d’embûches et de défis à surmonter.

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